vendredi 2 octobre 2015

Lettre à mes donneurs de leçons

A vous mes chers amis, proches ou moins proches,
A vous, ma famille,
A vous mes connaissances, qui me croisez au détours d'une rue,
A vous, inconnus qui me suivez,

J'aimerais vous dire que vos réflexions me blessent .
Oui je suis enceinte, et oui je fume encore ...
Non je ne fume pas un paquet de cigarettes par jour,
Et oui, j'ai quand même diminué ma consommation quotidienne.

Qu'imaginez-vous ?
Que je n'ai pas conscience du mal que fait la cigarette ?
Que pensez-vous ?
Que je ne pense pas à mon bébé à chaque bouffée ?
Que je ne culpabilise pas ?
Que cela fera de moi une mauvaise mère ?

Quand je respire, je pense au bébé.
Quand je mange, je pense au bébé.
Quand je bois (non pas de l'alcool!), je pense au bébé.
Quand je dors je pense au bébé.
Quand je travaille, je pense au bébé.

Par mes antécédents, je suis très bien suivie. J'ai une échographie tous les mois, et un suivi par une sage-femme, qui sait que je fume.
Jusqu'à ce jour, il évolue bien, il grandit bien, son cœur bat normalement...

S'il vous plaît, ne me dites pas comment mener à terme ma grossesse au mieux.
S'il vous plaît, ne me dénigrez pas parce que ma façon de vivre de vous convient pas.

Je ne vous dis pas comment élever vos enfants, ni quoi leur donner à manger.
Je ne vous dis pas comment tenir votre maison, ni comment être heureux dans votre foyer.

Vous êtes nombreux et nombreuses, au fil des années à m'avoir confié bon nombre de vos dérapages, de vos doutes, de vos erreurs.
Vous êtes nombreux et nombreuses, au fil des années de part mon métier dans le service à trouver une oreille à votre écoute .
Il ne me semble pas vous avoir jugé, ni dénigré, ni engueulé.


Il y a quelques années, j'ai eu une première grossesse, j'ai fait attention à tout, j'ai même été dégoûté de la cigarette.
A 6 mois, on m'a annoncé suite à une hospitalisation, que le travail avait commencé, et que la médecine ne pouvait rien faire et que ce bébé ne vivrait pas.

C'était un coup de pas de chance, m'a t'on dit. Cela arrive ... Et il a fallu que je vive toute ces années avec l'absence de ma fille .
Donc si il y a bien quelqu'un qui a conscience que la vie ne tient à rien, c'est bien moi.

Je vie déjà avec l'angoisse depuis que je sais que je suis enceinte que je peux perdre cet enfant à tout moment.
Mais je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'à chaque instant, la vie peut basculer.

Il n'y a aucune animosité, ni haine, ni violence dans cette lettre.
Je vous le dis simplement, sans agressivité.

Laissez-moi vivre comme j'en ai envie, laissez MA grossesse se dérouler comme MON corps en a envie.
Et gardez vos morales pour vous, je suis sûre que vous avez beaucoup à faire chez vous :)

[Edit: je sais que certain(e)s d'entre vous ne pensent pas à mal en me faisant ces remarques, mais à la longue, c'est usant, et sachez que ce ne sont pas vos réflexions qui m'aideront ou changeront quoi que ce soit ;) ]

Soyez heureux,

Je vous aime comme vous êtes, donc aimez-moi comme je suis.


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